20. La Grossesse de Maman V : L'arrivée à la Clinique

Nous y sommes enfin….. Après 2 ans et demi d’attente, 3 fausses couches-vraies douleurs, 28 piqures, 36 semaines et 5 jours de joie et d’angoisse, 28 kilos, 14 jours de quasi insomnie….. Nous y sommes enfin....

Aussi excités qu’angoissés, Zhom et Moa nous réveillons aux aurores. La césarienne est prévue pour 11h00 ce matin et nous sommes attendus à la clinique pour 08h30. Dès lors, les choses vont aller très vite. Nous prenons un taxi avec option « chauffeur parlant » qui nous bassinera tout le trajet avec les détails des 3 accouchements de sa femme…..Et à peine arrivés, nous serons installés dans la chambre qui sera la mienne et celle de bébé durant notre séjour.

Zhom est silencieux, comme souvent… Le calme avant la tempête sans doute....!? Quant à moi, je ne sais pas !? A peine le temps de ranger quelques affaires dans le placard et on vient me chercher pour un dernier monito avant le grand saut. Zhom ne peut pas venir, enfin pas encore… Je suis donc seule, seule avec ma peur qui va grandissante, seule avec mon futur bébé que je vais découvrir dans quelques heures, seule avec le bruit du monitoring pour unique compagnie… Nue sous ma blouse d’hôpital, je n’en mène pas large…. D’autant que pour couronner le tout et me mettre à l’aise, je suis tellement « enceinte » que la blouse ne fait pas le tour complet de mon corps. La raie de mes fesses est aussi visible que l’Arc de Triomphe sur l’avenue des Champs Elysées … mais couvrez moi bordel !!

                                        

Entourée d’un grand drap en sus de la blouse, je me dirige alors vers le bloc.. Drapée  dans ma dignité pourraient dire certains… en fait, drapée oui, mais ma dignité, je l’ai perdue en route, je ne suis plus qu’un animal terrorisé. Tel un lapin pris dans les phares d’une voiture, je suis aveuglée par tous les néons du bloc, le personnel médical tout de bleu/vert/rose  vêtu ( la couleur est en fonction du poste de chacun), le personnel médical donc s’affaire déjà et moi…… moi je panique !

                                  

Pas la panique hystérique à renforts de cris et de grands gestes… nan nan, la panique silencieuse… celle où subitement, ton sang se glace, ton corps échappe à ton contrôle et se met à trembler légèrement, tes glandes lacrymales se rappellent à ton bon souvenir…. « Respire ma fille, respire, il est hors de question de craquer maintenant, t’as fait le plus dur » voilà ce que je me répète là tout de suite, en entrant dans le bloc..…

Je revois alors l'espace d'une seconde le chemin parcouru, les obstacles franchis, et comprends enfin que là, maintenant, je ne suis plus maitresse de rien …Quoiqu’il arrive, je dois faire confiance et m’en remettre aux médecins….